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P'tite madeleine & aubépines

Par SEVERINE LEMOINE, publié le jeudi 3 novembre 2022 20:53 - Mis à jour le jeudi 24 novembre 2022 08:19
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À la recherche du temps perdu : il y a 100 ans disparaissait le romancier Marcel Proust.

Son oeuvre était la spécialité de l'oncle mélancolique d'Olive dans le film Little Miss Sunshine et l'un de ses manuscrits a été vendu pour 1,51 million d'euros en 2018. Il intrigue, il fascine, il suscite des débats passionnés 100 ans après sa disparition : le 18 novembre 1922 s'éteignait Marcel Proust.

Grandiloquent voire illisible avec ses phrases interminables ? Nuancé, délicat, sensible ? Grisant tourbillon faisant danser la syntaxe, virevolter métaphores et références culturelles, de son style unique tout a déjà été dit mais son oeuvre nous parle-t-elle encore aujourd'hui et comment la (re)découvrir ?

Adaptation du roman-fleuve À La Recherche du temps perdu en bande dessinée par Stéphane Heuet chez Delcourt, dernières actualités proposées par le compte Twitter de la Société des amis de Marcel Proust, exposition et conférences à la BNF jusqu'au 22 janvier 2023, documentation pédagogique proposée par le Musée Carnavalet... les ressources pour accompagner la lecture de cette oeuvre foisonnante sont innombrables... et leur l'accès heureusement plus facile que le parcours du narrateur de La Recherche pour trouver la signification des émotions procurées par la petite madeleine.

Et puisqu'il n'y a pas que le célèbre petit gâteau en forme de coquille (qui faillit d'ailleurs être pain grillé puis biscotte selon les premiers manuscrits), savourons cette évocation de la couleur des aubépines : 

« Moi-même j’appréciais plus le fromage à la crème rose, celui où l’on m’avait permis d’écraser des fraises. Et justement ces fleurs avaient choisi une de ces teintes de chose mangeable, ou de tendre embellissement à une toilette pour une grande fête, qui, parce qu’elles leur présentent la raison de leur supériorité, sont celles qui semblent belles avec le plus d’évidence aux yeux des enfants, et à cause de cela, gardent toujours pour eux quelque chose de plus vif et de plus naturel que les autres teintes, même lorsqu’ils ont compris qu’elles ne promettaient rien à leur gourmandise et n’avaient pas été choisies par la couturière. »

Marcel Proust, Du côté de chez Swann, « Combray »